Je suis mariée depuis presque 13 ans wa alhamdulillah et nous n’avons pas d’enfant qadaru allah ma sha faala. Ce que certains pourraient décrire comme une souffrance, pour ma part je le vis comme une bénédiction, tout vient selon la volonté de notre Seigneur par miséricorde et sagesse envers Ses créatures. Bi fadli Allah depuis toutes ces années, je n’ai jamais éprouvé de tristesse, la moindre déception et encore moins une once de jalousie envers mon entourage qui a eu des enfants bi fadli Allah.
Et je ne comprends pas comment cela pourrait être nourri dans le cœur d’une croyante en Allah. En revanche, la pression familiale et l’environnement dans lequel je vis depuis ma hijra ont participé à nourrir en moi un sentiment de culpabilité, voire même de honte de ne pouvoir devenir mère pour rendre mon entourage heureux ou tout simplement être une femme accomplie.
Combien de fois on m’a dit que je devais tout faire pour avoir des enfants, que ma vie devait être triste sans enfant ou que mon âge avançant je regretterai de ne pas avoir fait toutes les causes possibles et inimaginables. Combien de fois mon entourage s’est montré triste devant moi, combien de questions gênantes sur ma vie privée voire même intimes j’ai dû entendre et subir tel un interrogatoire….. Allah est témoin que je n’ai jamais ressenti de vide dans ma vie alhamdulillah, pour la simple et unique raison que je n’ai pas à convoiter ce qu’Allah a décidé de ne pas m’accorder ni à imaginer une vie meilleure à travers un enfant.
La vie d’une femme ne s’arrête pas au fait de se marier et d’être mère. Evidemment qu’elle s’épanouit à travers ces causes mais aujourd’hui je sais après toutes ces années qu’un enfant n’est pas LA raison de mon existence en tant qu’épouse. Et comme Allah nous le dit dans le Coran selon le sens » certes vos biens et vos enfants sont pour vous une tentation « . Allah sait ce qu’il y a de mieux pour nous, Il donne à qui Il veut, reprend à qui Il veut et rend stérile qui Il veut, tout cela dans Son immense sagesse.
Allah m’a comblé d’une famille et d’une belle-famille aimantes alhamdulillah et d’un mari exceptionnel à mes côtés, qu’Allah me le préserve ! Il est ma famille et je suis la sienne, il me comble de bonheur à travers son comportement envers moi allahuma barik. S’il y a bien un seul vide que je cherche à combler aujourd’hui, avant même le fait d’être mère, c’est surtout celui de pouvoir avancer dans mon din en étudiant l’arabe et en apprenant le Coran, alhamdulillah.
Le Coran est devenu depuis quelques années bi fadli Allah mon compagnon de vie, mon moteur dans mon présent et pour mon avenir bi idni Allah. Allah ne nous a créé que pour l’adorer. Et je reste persuadée au jour d’aujourd’hui qu’avoir la possibilité d’étudier bi fadli Allah est une facilité qu’Il m’a accordé, un bienfait bien plus grand encore que celui d’être maman. L’être humain passe son temps à convoiter ce qu’il ne possède pas, sans se rendre compte qu’il se peut que le fait de ne pas posséder soit un bien immense pour lui. Seul Allah sait si j’aurais été ou si je serais une bonne mère.
Je voudrais encourager toutes mes sœurs qui n’ont pas encore d’enfant, qu’elles soient mariées depuis quelques années ou comme moi depuis plus de 10 ans, à vivre votre vie en prenant chaque jour conscience de tous les bienfaits qu’Allah nous a accordé : être musulmane, être mariée, en bonne santé, avoir un mari, une famille, des amies, un confort que bon nombre de femmes n’ont plus voire n’ont jamais eu. Un enfant est un rizk venant d’Allah, un rizk parmi tant d’autres.
Et n’oubliez jamais que nos comptes seront rendus au jour dernier et que tout ce temps passé dans le chagrin, les regrets, la déception de ne pas avoir d’enfant ne nous profitera en rien si ce n’est de ne pas avoir accepté le qadar. Profitez de chaque instant de votre vie pour avancer dans le ilm, parfaire votre comportement et être de bonnes épouses pour vos maris, de bonnes filles pour vos parents, de bonnes sœurs fi Allah pour vos amies, voisines …
Enfin, je voudrais juste terminer mon message en m’adressant aux soeurs qui ont dans leur entourage une soeur, une fille, une amie ou autre qui vit l’absence d’une grossesse depuis des années. Je sais que par amour vous vous sentez très concernées par l’épreuve que vit cette personne et qu’en tant que soeur ou mère, belle-mère ou amie vous vous sentez légitime de donner des conseils et de consoler, mais sachez juste qu’en toute objectivité, personne ne comprend mieux la situation que celle qui la vit, et cela est valable pour n’importe quelle épreuve.
Je vous conseille avant tout de respecter l’état d’esprit de la personne car chacune aborde ce sujet selon son caractère et ses sentiments. Il y a des femmes qui ressentent le besoin d’en parler quand d’autres, comme moi, préfèrent le garder pour elles. Mais souvent devant l’insistance des personnes en face ce qui devait être une intention de conseils et d’empathie devient malaisant pour la personne.
Combien de fois on a abordé le sujet avec moi alors que je n’en avais pas envie, combien de fois j’ai dû voir mon entourage familial pleurer de la situation en me sentant coupable et démunie subhana Allah, combien de questions intimes on m’a posée sur mon mari pour savoir de qui venait » le problème « , sur mes démarches médicales, sur ma » volonté » réelle ou supposée d’avoir vraiment envie d’un enfant ?! Combien de soeurs m’ont cachée leur grossesse … en m’avouant penser à tord que ce rizk venant d’Allah me ferait de la peine ?!
Combien de soeurs se sentent gênées de ma présence lorsqu’elles abordent les difficultés d’élever des enfants en s’excusant presque d’en parler devant moi comme si cela allait me blesser. Combien de personnes me parlent de l’urgence de prendre en charge un orphelin en me demandant de me justifier de l’absence de démarche dans ce sens ?! Combien de soeurs m’ont conseillée de profiter de ma vie actuelle avant qu’il ne soit trop tard … mais trop tard pour quoi ?!
Combien de réflexions j’ai entendu sur la supposée peine que je devais forcément ressentir de ne pas être mère depuis toutes ces années, m’obligeant à me justifier du contraire et ayant même peur de passer pour quelqu’un d’anormal alors qu’il s’agit là d’accepter son qadar. Encore une fois je sais que toutes ces réflexions n’ont pas pour intention de blesser. Néanmoins comme je le disais, il faut réellement prendre en compte le caractère de la personne avant de s’engager dans de telles discussions.
Pour ma part, je n’aborde jamais spontanément le sujet, ce sont toujours les autres qui m’en parlent et ne fusse par politesse et par peur de manquer de respect, je refuserai d’en parler. Si la personne n’éprouve pas le besoin d’en parler, abstenez-vous c’est le meilleur soutien que vous pouvez lui apporter. Enfin, pour toutes celles qui se sentent éprouvées par cette absence d’enfant, qu’elles se rappellent l’histoire d’Ibrahim, de Zakariya aalayhima asalam, celle de Maryam , de Aisha, de Assiya femme de pharaon radia Allahu aanhuna. Ils sont tous pour nous autant d’exemples de piété, d’acceptation et de satisfaction dans l’épreuve. Wa Allahu aalam.