L’anémie ferriprive, résultat d’une carence en fer
L’anémie se caractérise par une diminution du nombre de globules rouges dans le sang ou de leur teneur en hémoglobine. Les principaux symptômes, lorsqu’il y en a, sont la fatigue, un teint pâle et un essoufflement plus prononcé à l’effort.
L’anémie ferriprive survient en raison d’une carence en fer. Le fer se lie au pigment « hème » de l’hémoglobine qui apporte l’oxygène aux cellules du corps. L’oxygène est un élément essentiel aux cellules pour qu’elles puissent produire de l’énergie et accomplir leurs fonctions.
L’anémie ferriprive : qu’est-ce qu’une carence en fer ? : tout comprendre en 2 min
L’anémie ferriprive est le plus souvent causée par des pertes de sang aiguës ou chroniques ou par un manque de fer dans l’alimentation. En effet, l’organisme ne peut synthétiser le fer et doit donc le puiser dans les aliments. Plus rarement, elle peut être attribuable à des problèmes d’utilisation du fer dans la fabrication de l’hémoglobine.
Les symptômes de l’anémie ferriprive
La plupart des personnes ayant une anémie ferriprive légère ne le remarquent pas. Les symptômes dépendent en grande partie de la vitesse à laquelle l’anémie s’est installée. Lorsque l’anémie apparaît progressivement, les symptômes sont moins évidents.
- Une fatigue anormale
- Le teint pâle
- Un pouls rapide
- Un essoufflement plus prononcé à l’effort
- Les mains et les pieds froids
- Des maux de tête
- Des étourdissements
- Une diminution des performances intellectuelles
Personnes à risques
- Les femmes en âge de procréer, qui ont des menstruations très abondantes, car il y a perte de fer dans le sang menstruel.
- Les femmes enceintes et celles qui ont des grossesses multiples et rapprochées.
- Les adolescentes.
- Les enfants, surtout de 6 mois à 4 ans.
- Les personnes atteintes d’une maladie qui entraîne une malabsorption du fer : la maladie de Crohn ou la maladie coeliaque, par exemple.
- Les personnes ayant un problème de santé qui cause des pertes de sang de façon chronique dans les selles (non visibles à l’oeil) : un ulcère gastroduodénal, des polypes bénins au côlon ou un cancer colorectal, par exemple.
- Les personnes végétariennes, surtout si elles ne consomment aucun produit de source animale (régime végétalien).
- Les bébés qui ne sont pas allaités.
- Les personnes qui consomment régulièrement certains médicaments, comme des antiacides de type inhibiteurs de la pompe à protons pour soulager des brûlures d’estomac. L’acidité de l’estomac transforme le fer alimentaire en une forme assimilable par l’intestin. L’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent aussi, à long terme, causer des saignements dans l’estomac.
- Les personnes souffrant d’insuffisance rénale, surtout celles sous dialyse.
Prévalence
L’anémie ferriprive est la forme d’anémie la plus répandue. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, plus de 30 % de la population mondiale souffre d’anémie1. La moitié de ces cas serait attribuable à une carence en fer, notamment dans les pays en voie de développement.
En Amérique du Nord et en Europe, on estime que de 4 % à 8 % des femmes en âge de procréer ont une carence en fer3. Les estimations peuvent varier, car les critères utilisés pour définir la carence en fer ne sont pas partout les mêmes. Chez les hommes et les femmes ménopausées, la carence en fer est plutôt rare.
Aux États-Unis et au Canada, certains produits alimentaires raffinés, comme la farine de blé, les céréales à déjeuner, le riz précuit et les pâtes alimentaires, sont enrichis en fer afin de prévenir les carences.
Diagnostic
Étant donné que les symptômes de l’anémie ferriprive pourraient être attribuables à un autre problème de santé, l’analyse en laboratoire d’un échantillon de sang doit être faite pour pouvoir poser un diagnostic. Un hémogramme (formule sanguine complète) est habituellement prescrit par le médecin.
Ces 3 mesures permettent de dépister une anémie. En cas d’anémie ferriprive, les résultats suivants se situent sous les valeurs normales.
- Le taux d’hémoglobine : la concentration d’hémoglobine dans le sang, exprimée en grammes d’hémoglobine par litre de sang (g/l) ou par 100 ml de sang (g/100 ml ou g/dl).
- Le taux d’hématocrite : le rapport, exprimé en pourcentage, du volume qu’occupent les globules rouges d’un échantillon de sang (passé à la centrifugeuse) sur le volume de sang total que contient cet échantillon.
- Le compte de globules rouges : le nombre de globules rouges contenus dans un volume de sang donné, normalement exprimé en millions de globules rouges par microlitre de sang.
Valeurs normales
Paramètres | Femme adulte | Homme adulte |
Taux d’hémoglobine normal (en g/L) | 138 ± 15 | 157 ± 17 |
Taux d’hématocrite normal (en %) | 40,0 ± 4,0 | 46,0 ± 4,0 |
Compte de globules rouges (en million/µl) | 4,6 ± 0,5 | 5,2 ± 0,7 |
Remarque. Ces valeurs correspondent à la norme pour 95 % des gens. Cela signifie que 5 % des individus ont des valeurs « hors normes » tout en étant en bonne santé. Par ailleurs, il se peut que des résultats qui se situent aux limites inférieures de la normale traduisent un début d’anémie s’ils sont habituellement plus élevés.
D’autres analyses sanguines permettent de confirmer le diagnostic d’anémie ferriprive :
- Le taux de transferrine : la transferrine est une protéine capable de fixer le fer. Elle le transporte aux tissus et aux organes. Divers facteurs peuvent agir sur le taux de transferrine. En cas de carence en fer, le taux de transferrine augmente.
- Le taux de fer sérique : cette mesure permet de vérifier si la hausse du taux de transferrine est bien causée par une carence en fer. Elle détecte précisément la quantité de fer en circulation dans le sang.
- Le taux de ferritine : donne une estimation des réserves de fer. La ferritine est une protéine qui sert à emmagasiner le fer dans le foie, la rate et la moelle osseuse. En cas de carence en fer, sa valeur diminue.
- L’examen d’un frottis sanguin par un hématologiste, pour observer la taille et l’aspect des globules rouges. En cas d’anémie ferriprive, ceux-ci sont petits, pâles et de forme très variable.
Remarque. Le taux normal d’hémoglobine est probablement différent d’une personne à une autre et d’un groupe ethnique à un autre. La norme la plus fiable serait celle de l’individu, soutient Marc Zaffran, médecin. Ainsi, si l’on retrouve à la fois une différence marquée entre 2 examens pratiqués à des moments distincts et la présence de symptômes (pâleur, essoufflement, accélération du rythme cardiaque, fatigue, saignements digestifs, etc.), cela devrait attirer l’attention du médecin. Par contre, une personne qui semble avoir une anémie modérée d’après la mesure de l’hémoglobine sanguine mais qui ne présente aucun symptôme n’a pas nécessairement besoin d’un apport en fer, surtout si les résultats sanguins ont été stables durant plusieurs semaines, précise Marc Zaffran.
Complications possibles
Une anémie légère n’a pas de conséquence majeure sur la santé. S’il n’ya pas d’autres problèmes de santé, les symptômes physiques au repos ne sont ressentis que pour une valeur d’hémoglobine inférieure à 80 g/l (si l’anémie s’est installée de façon progressive).
Toutefois, si elle n’est pas traitée, son aggravation peut entraîner de graves problèmes :
- des troubles cardiaques : un effort accru est demandé au muscle cardiaque, dont le rythme de contraction augmente; une personne ayant un trouble coronarien s’expose à un risque accru d’angine de poitrine.
- pour les femmes enceintes : un risque accru de naissance prématurée et de bébé de faible poids à la naissance.