- L’Ademe, en collaboration avec deux organismes, a réalisé une étude, publiée ce jeudi, afin d’évaluer les risques sanitaires liés à l’utilisation d’une sélection de produits ménagers. Certains faits maison, d’autres industriels.
- Résultat : les risques attribuables aux produits ménagers -manufacturés ou « fait maison »- est faible dans des conditions normales d’utilisation. Il n’empêche, globalement, les premiers émettent significativement davantage de composés organiques volatiles.
- L’étude ne donne pas non plus un blanc-seing aux produits ménagers faits maison et invite, quand on en fabrique, à se passer d’huiles essentielles, très souvent ajoutées. Ou, au moins, à se limiter à quelques gouttes par litre.
C’est l’heure du grand ménage de printemps… Si cette opération de nettoyage s’avère dans bien des cas nécessaire, elle n’est pas sans risque pour la santé. Tout dépend des produits ménagers et de la façon dont vous les utilisez.
Ceux-ci peuvent constituer une source de polluants pour l’air intérieur et l’exposition est d’autant plus importante qu’elle a lieu dans des milieux confinés, peu ventilés, où l’on passe la grande majorité de notre temps, rappelle l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).
Deux ans et demi à briquer une maison expérimentale
Mais quels sont les produits les plus nocifs pour la santé ? Les produits manufacturés ou ceux faits maisons, comme les produits à base de vinaigre blanc ou de bicarbonate de soude ? Des chercheurs de l’Ademe, en collaboration avec l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSBT), ont fouillé le sujet dans une étude parue ce jeudi.
Lors de plusieurs campagnes d’essai, ils ont nettoyé, balayé et astiqué la maison expérimentale Maria du CSBT, afin d’évaluer les émissions en conditions réelles de dix produits ménagers pour l’entretien du sol et le nettoyage des vitres. Quatre étaient des produits manufacturés et six des faits maison. Les chercheurs se sont penchés tout particulièrement sur les composés organiques volatils (COV), ces minuscules poussières qu’émettent ces produits et qu’on inhale sans s’en rendre compte. Les prélèvements ont été réalisés avant, pendant et trois heures après l’utilisation du produit d’entretien testé.
Du mieux pour les produits faits maison, mais pas de blanc-seing pour autant
Résultat : l’étude suggère que les risques attribuables aux produits manufacturés ou faits maison testés peuvent être considérés comme faibles et les expositions domestiques les plus courantes comme non préoccupantes. « Dans les conditions normales d’utilisation et en respectant les recommandations des fabricants, notamment le dosage des produits, (ils) ne présentent pas de risques identifiés pour la santé », confirme Isabelle Augeven-Bour, ingénieure à l’Ademe.
Tout de même, les produits industriels testés génèrent des expositions significativement plus fortes que les produits faits maisons à certains COV, comme le formaldéhyde, classé comme cancérogène avéré par le Centre international de recherche sur le cancer (CICR), ou l’ acétaldéhyde, classé cancérogène possible.
Un exemple avec les nettoyants pour vitres. Ceux du commerce « spécial grandes surfaces vitrées » laissent cinq fois plus de COV dans l’air que deux de leurs équivalents fait maison pris en compte dans l’étude. « Cette différence s’explique bien souvent parce que les produits manufacturés sont faits à partir d’un mélange beaucoup plus complexe d’ingrédients chimiques », complète Isabelle Augeven-Bour.
L’étude n’accorde pas pour autant un blanc-seing à tous les produits d’entretien faits maison. Ceux-ci génèrent par exemple des expositions significativement plus fortes en limonène, un COV potentiellement irritant, présent dans de nombreuses huiles essentielles, qui sont ajoutées dans bon nombre produits d’entretien fait maison. Même constat pour les acides acétiques présents dans le vinaigre, un des composants de base de nombreux produits ménagers artisanaux.
Doucement sur les huiles essentielles, sans oublier l’aération
Si les risques attribuables aux produits manufacturés ou artisanaux peuvent être considérés comme faible, l’Ademe rappelle aussi qu’à ce jour, « pour plus de la moitié des substances émises par les produits testés, il n’existe pas de données sanitaires permettant de mesurer leur toxicité ». Dans ce contexte, elle invite à la prudence. « Une diminution des expositions est préconisée, en particulier pour les personnes les plus sensibles. Les femmes enceintes, les enfants, les personnes souffrant de troubles respiratoires… »
Pour atténuer ces risques, l’Ademe formule plusieurs recommandations :
- Aérer les pièces au moins dix minutes pendant et après le nettoyage, en été comme en hiver. Isabelle Augeven-Bour insiste sur l’aération après le nettoyage. « Pour la majorité des produits testés, le maximum des émissions de COV se fait dans la première demi-heure qui suit l’utilisation du produit », précise-t-elle.
- Rincer les surfaces nettoyées, préférer des produits non parfumés
- Réduire le nombre de produits utilisés simultanément
- Respecter les recommandations d’utilisations données par le fabricant
- Proportionner le niveau d’utilisation aux besoins réels
- Limiter la présence de personnes dans les pièces en cours de nettoyage
Et aux adeptes des produits faits maison, l’Ademe préconise de limiter le nombre d’ingrédients et les quantités d’huiles essentielles. « Quelques gouttes suffisent, pas quarante, comme on peut le voir dans certaines recettes sur le Net », précise Isabelle Augeven-Bour.