La femme enceinte et allaitante

Shaikh Muhammad Nasir- Din Al-Albâni

 

Question :
J’ai lu dans le livre « La description du jeûne du prophète durant le mois de Ramadan », de Salim Hilali et ‘Ali Hasssan ‘Abdul-Hamid que la femme enceinte et celle qui allaite, si elles craignent pour leur vie ou celle de leur enfant, rompent leur jeûne et nourrissent (en guise d’expiation) pour chaque jour non-jeûné une personne indigente, sans avoir à accomplir ce jeûne ultérieurement. Quelle est la véracité de ces propos ? Nous espérons une explication qu’Allah vous récompense par un bien.

Réponse [5] :

Il ne leur est pas demandé de repousser ultérieurement leur jeûne, mais il leur est demandé, en guise d’expiation, de nourrir un pauvre pour chaque jour non jeûné. Telle est la réponse, la bonne réponse. Quant à la condition citée, qui est : « Si la femme enceinte ou la femme qui allaite craint pour sa vie ou celle de son enfant », cette condition a été établie à partir d’efforts personnels de certains savants. Elle ne peut être imposée à la femme enceinte ou la femme qui allaite car le prophète (salallahu ‘alayhi wa salam)a dit : « Allah, l’Exalté, a dispensé de jeûne la femme enceinte et la femme qui allaite ».

Ibn ‘Abass a commenté le verset : « Quiconque d’entre vous est malade ou en voyage, jeûnera (plus tard) un nombre égal de jours. Et à ceux qui ne peuvent jeûner qu’avec difficulté, incombe, en expiation, de nourrir un pauvre ».

Il a dit : « La femme enceinte et la femme qui allaite doivent nourrir un pauvre ».

La condition précédemment citée est ici inexistante : que la femme enceinte ou celle qui allaite craint pour sa vie ou celle de son enfant.

En résumé : Il est donc permis à toute femme enceinte et à toute femme qui allaite de rompre son jeûne mais elles doivent en guise d’expiation nourrir un pauvre pour chaque jour non jeûné et elles ne sont pas tenues d’accomplir leur jeûne ultérieurement.


[5] Fatwa extraite de la cassette numéro 25/2, face A.
Traduit par Abu Abdillah
Revu par les salafis de l’est

SHeikh Muhammad Ibn Sâlih al-‘Uthaymîn (rahimahullâh)

Question :

Quand est-il de la femme enceinte ou celle qui allaite qui, tout en étant forte, active et résistante au jeûne, s’abstient de l’observer sans excuse, quel est le jugement sur cela ?

Réponse :

Il n’est pas permis à la femme enceinte ni à celle qui allaite de ne pas observer le jeûne du Ramadhân, si ce n’est pour une excuse valable. Si elle s’en abstient, il est obligatoire pour elle d’effectuer un jeûne de rattrapage [une compensation], sur la base de la parole d’Allâh – Ta’âla :

« Quiconque d’ entre vous est malade ou en voyage, devra jeûner un nombre égal d’autres jours » [1]

Le sens à cela est le malade. Si leur excuse consiste dans leur peur des effets du jeûne sur leur enfant, elles devront, selon l’avis de certains des Gens de science, procéder en plus du jeûne de rattrapage à un don de nourriture au profit d’un pauvre pour chaque jour de jeûne non jeûné. La nourriture peut être du blé, du riz, des dattes ou d’autres aliments consommés par les gens. Certains savants disent : elles peuvent se contenter du jeûne de rattrapage dans tous les cas. Car l’obligation du don de nourriture ne repose sur aucune preuve tirée du Livre et de la Sounnah. Le principe de base est que l’on est déchargé de son application jusqu’à la levée d’une preuve. C’est l’avis de l’imam Abû Hanîfa (rahimahullâh), qui s’avère être le plus solide. [2]

Question :

Concernant la femme enceinte qui craint les effets du jeûne sur elles-mêmes ou sur son enfant, et s’en abstient pour cette raison. Quel est le jugement ?

Réponse :

Notre réponse sur cela est : la femme enceinte ne se situe que dans deux cas :

Le premier de ces cas : elle n’a aucune excuse à ne pas jeûner.

Le deuxième de ces cas : est celui d’une femme enceinte incapable de jeûner soit pour une grossesse avancée, soit pour une faiblesse physique ou pour une autre raison. Dans ce cas, elle ne doit pas observer le jeûne. Elle doit éviter le jeûne si son fœtus risque d’en être affecté. Si elle cesse le jeûne, elle devient comme tous ceux qui sont autorisés à ne pas l’observer pour une excuse valable ; elle devra procéder à un jeûne de rattrapage en l’absence d’une excuse. Quand elle aura accouché et recouvré sa propreté rituelle, elle devra effectuer le jeûne de rattrapage [à titre de compensation]. Mais l’excuse liée à la conception de l’enfant est parfois suivie par l’excuse due à son allaitement. Car celui-ci nécessite que la mère se nourrisse bien, et particulièrement au cours des longues journées de l’été marquées par une chaleur ardente. En effet, elle a alors besoin de s’abstenir de jeûner pour pouvoir allaiter son enfant. Nous disons à celle qui se trouve dans ce cas : Rompez. Mais quand vous n’avez plus d’excuse, vous devrez procéder au rattrapage des jours non jeûnés.

Certains des Gens de science ont dit que si la femme enceinte qui allaite s’abstient de jeûner parce qu’elle craint pour son enfant en jeûnant, sans qu’elle craigne pour elle-même ; elle doit compenser ce jeûne en nourrissant un pauvre pour chaque jour de jeûne non jeûné […] [3]

[1] Coran, 2/184
[2] Madjmu’ Fatâwa du SHeikh Ibn Uthaymîn, 19/161-162
[3] Madjmu’ Fatâwa du SHeikh Ibn Uthaymîn, 19/162-163

http://www.manhajulhaqq.com/spip.php?article454